"Elle sortit prudemment du pas de la porte avant de s'engouffrer dans une voiture rouge cabossée." La scène, décrite par The Guardian, se déroule à Londres, et cette mystérieuse femme n'est autre que Julian Assange. Le cofondateur de WikiLeaks s'était déguisé pour échapper aux agents des services du renseignement qui, pensait-il, le pistaient.
M. Assange fait actuellement l'objet d'une enquête criminelle sur la fuite de rapports et de dépêches diplomatiques. Il est également poursuivi par la justice suédoise pour des affaires de violences sexuelles contre deux jeunes femmes, et se trouve actuellement au Royaume-Uni en liberté conditionnelle. La justice britannique doit se prononcer les 7 et 8 février sur sa demande d'extradition de Stockholm.
Sa biographie, écrite par deux journalistes du Guardian, et dont des extraits sont publiés lundi par ce quotidien, revient sur une série d'informations concernant sa vie privée, notamment sur le fait qu'il n'a pas connu son père biologique avant l'âge adulte et sur ses premiers démêlés avec la justice, en 1994.
SAUVEGARDES CRYPTÉES
Autre média, autre révélation : dans un entretien accordé à l'émission "60 minutes" de la chaîne télévisée américaine CBS, M. Assange annonce un plan pour diffuser "un déluge" de documents secrets au cas où son site serait fermé par les autorités. Il affirme en effet que son groupe possède "un système par lequel il peut diffuser des sauvegardes cryptées d'éléments qu'il n'avait pas encore publiés". "Il y a des sauvegardes distribuées parmi de très nombreuses personnes, environ cent mille, et tout ce dont nous avons besoin, c'est de leur donner une clé cryptée qui leur permettra de continuer."
M. Assange a refusé de commenter les allégations suédoises de crimes sexuels. Il a également refusé de parler de ses projets éditoriaux : interrogé sur la diffusion d'informations sur la Bank of America, il a gloussé, puis a refusé de confirmer ou d'infirmer qu'il les rendrait publiques. "Toutes ces banques sont mal à l'aise et chacune se demande si ce n'est pas elle qui est visée", a-t-il noté. "Quand vous voyez des organisations qui ont commis des abus souffrir des conséquences de leurs abus alors que leurs victimes se relèvent... vous éprouvez un certain plaisir à être impliqué dans ce type d'activité", a-t-il précisé au cours de l'entretien.
Lors d'un entretien avec le magazine Forbes, en novembre dernier, M. Assange avait annoncé que son site livrerait au début de cette année une "mégafuite" qui aurait pour cible une grande banque américaine. Il avait fait savoir auparavant qu'il avait découvert un trésor de documents concernant Bank of America, la plus grande des banques américaines. Les actions de cette dernière ont perdu plus de 3 % le 30 novembre, peu après la publication de cet entretien.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu