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Des microalgues pour faire rouler les voitures

Selon les premières expérimentations, le rendement des microalgues est bien supérieur à celui des plantes terrestres. AP

Les recherches sur ces biocarburants de troisième génération sont très prometteuses, mais un litre de biodiesel fabriqué à partir de microalgues coûte encore 10 euros.

Après la terre, l'eau. Dans le monde entier, des équipes de chercheurs se penchent sur la possibilité de produire des biocarburants à partir d'extraits de microalgues. L'affiche est alléchante.

Selon les premières expérimentations, le rendement des microalgues est en effet bien supérieur à celui des plantes terrestres, qu'il s'agisse de produire de l'énergie, du méthane ou encore du biodiésel. L'utilisation du biodiésel en outre ne nécessite que peu de modifications dans les moteurs automobiles.

«On peut espérer des productivités d'environ trente tonnes d'huile par hectare et par an lorsque les oléagineux terrestres n'en produisent qu'une», explique Olivier Bernard, chercheur à l'Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique) qui coordonne le projet Shamash consacré à ce biocarburant à Sophia-Antipolis. Pour répondre aux besoins en énergie du transport en France, il faudrait planter l'équivalent de tout le territoire en tournesol ! Même s'il s'agit d'une pure fiction, on mesure dès lors l'intérêt des microalgues. Celles-ci offrent l'intérêt de fixer proportionnellement davantage de dioxyde de carbone que les plantes agricoles et donc d'être associées aux projets de captation du CO2, l'un des gaz à effet de serre responsables des dérèglements climatiques. «Un kilogramme de biomasse représente en moyenne, 1,8 kilo de dioxyde de carbone fixé», poursuit Olivier Bernard.

Les premiers travaux sur les microalgues remontent aux années 1970. Le choc pétrolier conduisit les Américains à se lancer dans la recherche. Mais quelque vingt ans plus tard, les autorités arrêtent net les financements : les travaux sont jugés non rentables au regard du prix du baril de pétrole. Il avoisine alors les 20 dollars alors que les microalgues ne sont jugées compétitives qu'aux alentours de 60 dollars le baril.

La flambée de l'or noir de ces dernières années a fait ressortir tous les projets des cartons. «Il ne faut pas que ce nouvel élan soit à nouveau stoppé», espère Olivier Bernard, car même si les espoirs sont grands, il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

Ajustements techniques

Malgré les annonces de certaines start-up qui tentent de se placer sur le marché, la production d'huile à partir de micro­algues nécessite encore de nombreux ajustements techniques. Il existe bien des entreprises qui produisent des compléments alimentaires ou des dérivés pharmaceutiques, mais à ce jour, il n'y a, à l'échelle de la planète, que quelques dizaines de mètres cube d'huile qui ont été extraits.

«Compte tenu des techniques actuelles, on ne sait pas faire un biocarburant à moins de 10 euros le litre», précise encore Olivier Bernard. La commercialisation ne sera donc possible que lorsque l'on aura trouvé la technique permettant d'extraire l'huile en utilisant un minimum d'énergie.

Sans oublier les effets sur la biodiversité qui restent à mesurer dans le cas d'installation de bassins de production. Mieux vaut ne pas s'enthousiasmer excessivement, comme cela a été le cas pour les biocarburants de première génération produits à partir de céréales ou d'oléagineux et dénoncer quelques années plus tard leur impact écologique.

«Les microalgues correspondent à ce que l'on appelle les biocarburants de troisième génération», souligne Benoît Gabrielle professeur à Agroparistech. Autrement dit, elles ne devraient pas être commercialement exploitables avant une vingtaine d'années et succéderont aux biocarburants dits de 2e génération qui arrivent seulement sur le marché «mais dont les rendements sont déjà cinq fois supérieurs aux actuels agrocarburants».

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