Donald Trump a autorisé la publication de milliers de nouveaux documents sur l'assassinat de John F. Kennedy en 1963 sur cette place à Dallas, photographiée en novembre 2013

Donald Trump a autorisé la publication de milliers de nouveaux documents sur l'assassinat de John F. Kennedy en 1963 sur cette place à Dallas, photographiée en novembre 2013.

afp.com/BRENDAN SMIALOWSKI

Des milliers de documents sur l'assassinat du président américain John F. Kennedy doivent être publiés ce jeudi sur internet. Cependant, les experts n'attendent pas de révélations fortes, ni la fin des nombreuses théories du complot.

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La commission Warren a conclu -au terme de son enquête sur l'assassinat le 22 novembre 1963 du charismatique président de 46 ans- qu'il avait été tué par l'ancien Marine tireur d'élite Lee Harvey Oswald, agissant seul. Cette position officielle a été loin d'étouffer les spéculations sur un complot ourdi par des intérêts divers contre le 35ème président américain à Dallas, au Texas.

3100 dossiers secrets

Des centaines d'ouvrages et de films ont alimenté la thèse de la conspiration, pointant du doigt les adversaires de la Guerre froide qu'étaient l'Union soviétique et Cuba, la mafia et même le vice-président Lyndon B. Johnson. Donald Trump a annoncé samedi avoir autorisé la publication des 3100 dossiers encore secrets, ce qui représente des dizaines voire des centaines de milliers de documents.

"La très attendue publication des #JFKFiles est pour demain. Tellement intéressant!", a-t-il tweeté mercredi.

La loi du 26 octobre 1992 stipule que les documents sur l'assassinat conservés aux Archives nationales doivent être publiés en intégralité et sans censure, après 25 ans.

"Le président pense que ces documents devraient être disponibles dans l'intérêt de la transparence totale, à moins que les agences gouvernementales ne fournissent une justification irréfutable et claire au nom de la sécurité nationale ou du maintien de l'ordre", a expliqué un responsable de la Maison Blanche.

La conviction du complot loin d'être atténuée

Les spécialistes de l'assassinat de Kennedy attendent avec impatience cette opportunité, tout en cherchant à atténuer les attentes. "Beaucoup de gens pensent qu'ils vont être ouverts et qu'ils contiendront la solution à l'affaire qui conviendra à tout le monde", a relevé Gerald Posner, auteur de Case Closed ayant lui aussi conclu qu'Oswald avait agi seul. "Ca ne va pas être le cas", affirme-t-il. "Personne ne va abandonner sa conviction qu'un complot a été ourdi parce que la publication des dossiers ne le prouve pas".

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Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l'université de Virginie et auteur de The Kennedy Half-Century, envisage le maintien du secret pour certains documents. "Peu importe ce qu'ils vont conserver, ce sera considéré comme la Pierre de Rosette", a-t-il expliqué. "Cela va simplement alimenter encore plus les théories conspirationnistes". "Quiconque pense qu'un document est intitulé 'Membres de la conspiration pour tuer le président Kennedy' va attendre longtemps", a-t-il ironisé.

Une erreur de la CIA?

Les experts s'accordent en revanche à dire que ces dossiers pourraient lever le voile sur un chapitre mystérieux de la vie d'Oswald: son voyage à Mexico environ sept semaines avant le drame. "Il pourrait y avoir de nombreuses nouvelles informations, je pense, sur l'ampleur de ce que savait le gouvernement avant l'assassinat au sujet de Lee Harvey Oswald", a indiqué Philip Shenon, auteur de A Cruel and Shocking Act: the Secret History of the Kennedy Assassination.

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"Nous savons de dossiers précédemment déclassifiés qu'à [Mexico], il a rencontré des espions cubains et des espions russes et d'autres personnes qui, au plus fort de la Guerre froide, avaient des raisons de vouloir que Kennedy meure ou auraient pu en avoir", a relevé Philip Shenon. Selon lui, Oswald était "surveillé de près par la CIA". "La question est 'Que savait la CIA en temps réel, des semaines avant l'assassinat?'". "Il pourrait y avoir beaucoup d'informations montrant qu'Oswald a été en contact avec d'autres personnes" et qu'il "a peut-être dit à des tiers ce qu'il allait faire", a-t-il souligné.

Du coup, l'agence de renseignement (CIA) et la police fédérale (FBI) pourraient exhorter le président Trump à bloquer certains documents pour dissimuler leurs propres défaillances. Ces agences "ont foiré", a estimé Larry Sabato. "Elles avaient toutes les indications selon lesquelles Oswald était un marginal et un sociopathe" mais, d'après lui, aucune n'a prévenu le Secret Service, chargé de protéger le président.

Oswald a été arrêté peu après l'assassinat de Kennedy et le meurtre d'un policier de Dallas. Il a été abattu deux jours plus tard par Jack Ruby, propriétaire d'une boite de nuit.

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