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EnquêteNucléaire

« On ne parle pas assez du génie de Jean-Marc Jancovici »

« Meilleur expert mondial du CO2 », « gourou », « génie absolu »… Qui est vraiment Jean-Marc Jancovici, polytechnicien au franc-parler et brillant vulgarisateur, adulé par certains et agaçant nombre d’experts ? Portrait d’un ingénieur concepteur du bilan carbone, nucléariste engagé dans la lutte contre le changement climatique, et prospère patron de PME.

[Jean-Marc Jancovici, 1/3] Enquête sur la vie et la pensée du fondateur de Carbone 4.


« Pas une semaine sans qu’on me parle de Jancovici » : la phrase est revenue souvent, durant cette enquête, quand j’interrogeais des ingénieurs, des experts ou des écologistes à propos de Jean-Marc Jancovici. « Je reçois régulièrement un message qui me demande : “Que penses-tu de Jancovici ?” », dit l’un [1]. « Autour de moi, de jeunes ingénieurs le voient comme un gourou », dit l’autre, expert des énergies renouvelables. « On reçoit souvent des demandes de gens qui veulent qu’on l’interviewe », dit un troisième, journaliste radio. L’homme fait le buzz. Sur Twitter, la moindre allusion au nucléaire suscite une volée de commentaires invoquant @JMJancovici, tandis que les médias offrent au personnage portraits, interviews, chroniques, tels récemment L’Obs, Libération, Marianne, L’Express — sans guère d’esprit critique, comme si le personnage était intouchable.

Ses admirateurs internautes ne tarissent pas d’éloges : « Super fan de Jancovici. Je n’aime que lui », « On parle clairement pas assez du génie de Jean-Marc Jancovici », « le meilleur expert mondial du CO2 », « Jancovici est un scientifique véritable », « Dieu* […] *@JMJancovici », « Jancovici for president !! », « JM Jancovici, un génie qu’on entend trop peu », « Jancovici est un génie absolu de la question environnementale et de ses conséquences sociales »… À la source de cet engouement pour l’ingénieur concepteur de la méthode du bilan carbone, des conférences sur internet vues des centaines de milliers de fois, et un talent de vulgarisation certain. « Il a permis à beaucoup d’y voir clair sur le changement climatique, en apportant des explications scientifiques », dit Suzanne, jeune en service civique.

Mais « il y a une idolâtrie autour de lui », observe Mathieu Vidard, animateur de La Terre au carré, sur France Inter, tandis que Guillaume Erner, de France Culture, qui s’est frotté au personnage, dit : « J’avais affaire à un gourou, et qui dit gourou, dit fidèles de la secte. » [2] De même, Damien Huet, directeur de l’association Bilan carbone, « je crains pour lui la saturation, le côté gourou ».

La « pensée » jancovicienne

La France connaîtrait-elle enfin son Greta Thunberg, son Einstein de l’écologie, son prophète du climat et de l’énergie ? Il était temps que Reporterre enquête sur le génie du CO2. Mais avant d’engager cette périlleuse entreprise, permettez à l’humble plumitif de résumer, certes bien imparfaitement, la pensée de Jean-Marc Jancovici.

Voici. Les politiques sont nuls et les économistes racontent n’importe quoi, parce que les uns et les autres méconnaissent les lois de la physique. Celles-ci dictent que les ressources énergétiques fossiles sont géologiquement limitées. Or l’économie repose fondamentalement sur l’énergie, et la croissance économique depuis la Révolution industrielle ne dépend que de l’abondance des énergies fossiles. Problème : le pic pétrolier est inévitable, donc il y aura moins d’énergie, et l’économie va fortement se contracter. Par ailleurs, le changement climatique est engagé de manière irréversible, et pour éviter ses pires conséquences, il faut réduire les émissions de gaz carbonique — probablement par la contrainte, la démocratie se révélant désespérément inefficace face aux enjeux de long terme. Réduire les émissions suppose de réduire la consommation — si le pic pétrolier ne l’imposait pas assez rapidement — et de relancer l’énergie nucléaire, qui émet peu de CO2 et coûte bien moins cher que les énergies nouvelles.

Jean-Marc Jancovici, en 2019. Cyrille Choupas pour Socialter

L’articulation dans le raisonnement entre changement climatique et pic pétrolier n’est pas clairement expliquée, mais c’est sans doute que, malgré des heures de conférences jancoviciennes visionnées sur internet, et des lectures à la chaîne de ses interviews et de ses livres, je n’ai pas tout compris. Quoi qu’il en soit, on reviendra en détail sur les théories du « génie absolu ». Mais avant d’analyser son œuvre, découvrons sa vie.

Le polytechnicien qui faisait du cinéma

Jean-Marc Jancovici est né en 1962. Son père, Bernard Jancovici, était physicien, professeur à l’université d’Orsay, au sud de Paris. Il était fort apprécié de ses collègues, comme l’indique la notice parue lors de son décès, survenu en 2013, dans le Journal of Statistical Physics : « Un gentleman, dans le meilleur sens du terme, et un chercheur créatif. Il était dévoué à la science et à l’humanité. » Et de poursuivre : « Il a joué un rôle unique dans la communauté de la mécanique statistique, à la fois par ses contributions importantes au domaine et par son rôle unique d’ami fiable et digne de confiance pour tant d’entre nous, toujours disponible avec sympathie et de bon conseil. » Bernard Jancovici était spécialiste des systèmes de Coulomb, constitués de particules portant des charges électriques, un domaine de recherche pointu. Il était un excellent professeur, « avec le souci scrupuleux d’une exposition vraiment magistrale. Quel que soit l’auditoire, ses cours conservaient leur puissance pédagogique. […] Il était le Professeur incarné ». Et aussi un hôte amical et gai, aimant partager un bon vin ou randonner avec ses meilleurs élèves dans le chalet familial des Hautes-Alpes.

Avec un tel père, on comprend que Jean-Marc Jancovici ait été bon élève, et qu’il se soit retrouvé à Polytechnique en 1981. Bon élève, et pas timide : un de ses condisciples, Hugues Ferreboeuf, se souvient ainsi qu’« à Polytechnique, il y avait une fois par mois une grande conférence de culture générale que venait donner une sommité, et à laquelle assistait toute la promotion [environ 300 étudiants]. Jean-Marc se faisait remarquer parce qu’à chaque fois, durant la séquence de questions-réponses, il posait une question piquante, soit pour affirmer une opinion différente, soit pour pointer une contradiction. C’était souvent pertinent, parfois provocateur, et ça suscitait des mouvements de foule ; le reste de la promotion lui faisant savoir qu’il ne fallait pas monopoliser la parole. Mais c’était sa marque de fabrique, et au bout de quelques mois, chacun attendait qu’il pose sa question ».

Après Polytechnique, le jeune impertinent a choisi l’École nationale supérieure des télécommunications de Paris (ENST) : « Je n’avais aucun plan de carrière, dit-il à Reporterre. J’ai pensé que l’informatique pourrait toujours me servir. » [3] On était à la grande époque du Minitel. Il est sorti de l’école en 1986, et plutôt que d’aller dans une grande entreprise, comme la majorité des polytechniciens à cette époque, il a choisi un chemin de traverse : « J’ai vécu une crise d’adolescence à retardement, et j’ai été travailler avec un acteur qui faisait des films. »

Franck Cabot-David, qui dirige aujourd’hui une école d’art dramatique, l’École Acteurs Artisans, s’en souvient bien : « On s’est connu en 1986. J’avais passé une annonce dans Libération, libellée à peu près comme ceci : “Je cherche un polytechnicien acceptant de travailler au Smic pour une société de production qui n’existe pas.” On s’est vu dans un café des Champs-Élysées, il m’a dit, “Vous êtes fou, vous êtes génial”, et on a monté Ciné Magma production. On a travaillé trois ans ensemble, jusqu’en 1989, produisant des courts métrages, un film sur Claude Chabrol, et des films d’entreprise, qui rapportaient de l’argent et compensaient les pertes des films plus artistiques. J’ai rarement vu un esprit aussi brillant, avec un tel esprit de synthèse. En quelques mois, il a compris comment fonctionnait le marché du film. On faisait peu la fête, on travaillait tout le temps. Je l’ai revu quelquefois depuis, il n’a pas changé : très carré, sympathique, convivial. »

Le fil du téléphone a conduit au changement climatique

Ensuite, dit Jancovici, « pendant quelques années, j’ai fait des trucs divers et variés, du contrôle de gestion, des missions comme indépendant ». C’est au début des années 1990 qu’il a commencé à s’intéresser au changement climatique : « Je ne me rappelle pas la date exacte, mais je me souviens du contexte. Je réalisais des études pour France Télécom sur les services de télé-enseignement, de télémédecine et de télétravail. Je me suis rendu compte que ces applications pourraient conduire à des économies de déplacements, et parmi les éléments que j’ai croisés à cette époque, il y avait les émissions de gaz à effet de serre. Je n’en avais jamais entendu parler, je me suis dit que c’était intéressant, j’ai commencé à creuser. »

La curiosité intellectuelle croise l’objet professionnel du jeune ingénieur, qui mûrit bientôt l’idée du « bilan carbone », une méthode d’évaluation des émissions de CO2 entraînées par l’activité d’une entreprise. « J’ai présenté l’idée à Benjamin Dessus [4], qui présidait à la fin des années 1990 la Mission interministérielle à l’effet de serre. Il m’a orienté vers l’Ademe [Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie], où j’ai vu Jean-Pierre Tabet. Il a tout de suite compris et a dit “Banco”, payant pour voir. »

Entre l’idée et la mise au point d’une méthode concrète, il y a eu… beaucoup de travail. « C’était l’équivalent d’une thèse de 500 à 1 000 pages, cela m’a pris environ quatre ans, entre 2000 et 2004 — je menais de front cette activité intéressante, mais peu rémunératrice, et des missions pour gagner ma vie. En 2004, l’Ademe a jugé que c’était assez bien pour le diffuser. » Alain Grandjean, autre polytechnicien, et qui travaille avec Jancovici depuis 2006, résume : « Le raisonnement de Jean-Marc était juste : par le carbone, on peut faire le lien entre l’activité économique et le climat. Ce que nous dit le bilan carbone, c’est que l’impact des entreprises ne se fait pas seulement par ses propres émissions, mais aussi par l’amont — la consommation de matières — et par l’aval — l’usage de ses produits. » De fait, dit Damien Huet, directeur de l’association Bilan carbone, qui regroupe les acteurs de ce qui est devenu un petit secteur économique, « le bilan carbone en France et le GreenHouse Gas Protocol aux États-Unis étaient au début des années 2000 les deux seules méthodes qui existaient ». Jancovici a ainsi réalisé un apport important, et le bilan carbone a été rendu obligatoire pour un certain nombre d’entreprises par la réglementation.

Pour s’initier aux questions d’environnement qui l’intéressaient de plus en plus, Jancovici a conçu une façon originale de s’instruire : « Vers 1998-1999, j’ai commencé à organiser des conférences au sein de X-Environnement [le groupe d’anciens polytechniciens motivés par ces questions, dont il est devenu président en 2001]. J’organisais des conférences sur le climat, le nucléaire, la biodiversité, les phytosanitaires, la pêche, etc. J’ai dû en monter une centaine, c’était la meilleure façon d’apprendre. Tout cela m’a suffisamment intéressé pour que je lise intégralement le rapport du Giec » (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), probablement celui de 2001, année où il a intégré le comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot. « Et puis, en 2002, on m’a proposé d’écrire un livre sur le changement climatique, et en parallèle, j’en ai coécrit un autre avec Hervé Le Treut », un climatologue réputé.

« Après le climat, je me suis intéressé assez vite au nucléaire, puis aux énergies fossiles », domaine dans lequel Jean Laherrère [5] — polytechnicien lui aussi et un des promoteurs du concept du pic pétrolier en 1998 — l’a guidé. Jancovici s’est ensuite convaincu du lien rigoureux entre énergie et économie, notamment « à partir d’un livre écrit il y a deux siècles par Charles Dupin [6], que Michel Lepetit [un autre polytechnicien] m’avait fait découvrir. L’idée de Dupin était que les machines sont les supplétifs de l’énergie humaine, il expliquait ainsi la puissance de l’Angleterre par rapport à celle de France ».

Jean-Marc Jancovici à droite, lors d’un colloque à l’École polytechnique, intitulé « RéfleXions : Chercher, former et agir pour le développement durable ». Wikimedia Commons/Jérémy Barande/École polytechnique université Paris-Saclay/CC BY-SA 2.0

Jancovici est alors totalement engagé dans la question environnementale. Avec un journaliste de LCI, Jean-Louis Caffier, et Hervé Le Treut, il a créé les entretiens de Combloux en 2006 : chaque année durant un week-end dans une station de montagne, une vingtaine de journalistes sont invités à venir s’initier au climat, à l’énergie, au nucléaire. Ski le matin, cours l’après-midi, par un Jancovici — entre autres professeurs — déjà roi de la vulgarisation et qui submerge ses auditeurs béotiens de graphes sur PowerPoint. Peu après, en 2007, il fonda avec Alain Grandjean Carbone 4, un cabinet de conseil vendant des bilans carbone aux entreprises. Et dans la foulée, l’École des Mines ParisTech lui a confié un cours à partir de 2008, tandis que Jancovici lançait en 2010 The Shift Project ("Le projet de changement"), une association soutenue et financée par de grandes entreprises telles que Vinci, EDF, Bouygues, BNP Paribas pour diffuser des analyses sur la transition énergétique au moyen, surtout, de rapports d’expertise de qualité, par exemple sur le numérique ou sur l’approvisionnement pétrolier futur de l’Europe.

Durant ces années où il a déployé une énergie impressionnante, Jancovici ne perçait pas vraiment au-delà du Landerneau écologiste, qui l’apprécie souvent, tel Nicolas Hulot, qui indique à Reporterre qu’« en dépit de notre divergence sur le nucléaire, Jean-Marc Jancovici a comblé mes lacunes, et participé à construire une charpente scientifique qui m’a structuré dès le début de mon engagement ». Des jeunes ingénieurs le découvrent aussi, tel François A. : « En 2012, j’ai fait tilt sur un papier qu’il avait écrit à propos du lien entre énergie disponible par personne et croissance, j’ai trouvé ça génial. Ensuite, j’ai regardé des vidéos de ses interventions, et j’ai voulu militer en étant une petite main pour le Shift, dont les journées, une fois par trimestre, sont très intéressantes. »

Jean-Marc Jancovici durant une conférence TEDxPanthéonAssas, le 7 octobre 2019. Capture d’écran YouTube/TEDxTalks

Mais tout s’est accéléré à partir de 2018, quand Jancovici a été porté par la vague du mouvement des Marches climat, qui a vu naître une nouvelle génération de jeunes saisis par la gravité de la situation écologique. Le talent de vulgarisateur de Jancovici lui a gagné un public nouveau, qui l’a découvert à travers les vidéos de ses conférences ou de ses cours à l’École de Mines. Une vulgarisation qui séduit aussi les médias, avec lesquels il a tissé une longue complicité grâce aux Entretiens de Combloux, auxquels ont par exemple participé entre 2006 et 2019 David Pujadas, Renaud Dély, Gilles Bouleau, Thomas Sotto ou Catherine Nayl. Ainsi, le polytechnicien soucieux du climat est-il devenu une figure de l’actualité écologique, son succès public étant couronné par son entrée au Haut Conseil pour le climat en 2018.

« Ça va chier des bulles carrées »

Jancovici, pour ses auditeurs sidérés par son bagout et sa maîtrise apparente des questions énergétiques, est l’expert qui sait parler à tout le monde — et dans un langage qui ne manque pas de saveur. Ses conférences font défiler des graphiques commentés à un débit soutenu, parsemé d’expressions qui rendent tout compréhensible : « trucs » et « machins » fleurissent dans le discours, qui jongle avec « se balader », « compliqué », « quelque chose », « pas terrible », « mère nature » [7], « badaboum » [8], « rab de sucettes » [9], etc.

Les expressions ne sont pas moins imagées : « Comme le prix se casse la gueule, le consommateur se dit : “Miam-miam ! Je vais en consommer un peu plus” » [10], « Et le pic mondial, il est loin, papa ? » [11], « Ça va chier des bulles carrées » [12], « Au boulot, bande de fainéants ! » [13], « Notre pays de rouspéteurs » [14], « Il suffit de taper sur la tête des ingénieurs et des industriels » [15], « Ces abrutis de fonctionnaires français qui ne font rien » [16], « Vos enfants seront morts que [l’énergie solaire] n’aura pas changé la situation de la planète » [17], etc. Sans oublier des métaphores qui tombent souvent juste, comme quand il compare les conventions sur le climat des Nations unies à des assemblées de copropriétaires [18]. Jancovici semble résoudre par son brio la complexité du monde. Selon une de ses formules favorites, des calculs « sur un coin de table » [19] à coups de « règles de trois » permettent de mettre au jour les solutions évidentes.

Jean-Marc Jancovici lors d’une conférence à Genève, le 17 septembre 2020. Capture d’écran YouTube/Jean-Marc Jancovici

Ajoutez au cocktail un aplomb d’acier, et il y a tout de quoi offrir un « bon client » aux médias, qui raffolent des formules à l’emporte-pièce de ce brillant parleur, et ne le mettent jamais en débat avec un contradicteur. D’ailleurs si, par aventure, un intervieweur se risque à lui poser des questions épineuses, il se fait vertement rabrouer, à la limite de l’injure, comme l’a éprouvé l’animateur des Matins de France Culture, Guillaume Erner, en novembre 2019.

L’aplomb de Jean-Marc Jancovici découle aussi du fait que le polytechnicien est un prospère patron de PME. L’entreprise qu’il a fondée avec Alain Grandjean, Carbone 4, s’est bien développée, surtout à partir de 2015 et la conférence sur le climat des Nations unies à Paris, comme l’indique à Reporterre Alain Grandjean. Elle a pris une autre dimension avec l’arrivée d’un homme d’affaires en 2017, Laurent Morel, dirigeant de nombreuses sociétés, qui a fait fortune avec sa société Klépierre dans l’activité hautement écologique consistant à développer des centres commerciaux. Ironie de l’histoire pour un nucléariste comme Jancovici, Klépierre a détrôné EDF du CAC40 en 2015. Le capital de Carbone 4 est partagé entre Jean-Marc Jancovici et Laurent Morel, pour 40 % chacun, et Alain Grandjean, pour 20 %. Le cabinet affichait en 2018, dernière année où ses comptes ont été publiés, un chiffre d’affaires de près de 3,8 millions d’euros et un résultat de 401 100 euros en 2018, multiplié par neuf par rapport à l’année précédente. L’entreprise compte de nombreuses grandes entreprises parmi ses clients, comme EDF, Total, Engie, Orange ou Bouygues. Carbone 4 emploie soixante-dix salariés, selon Alain Grandjean, et vise un chiffre d’affaires de 10 millions en 2021. On peut supposer, en conservant le ratio de résultat de 2018, que le résultat sera cette année de l’ordre de 1 million d’euros.

Jean-Marc Jancovici dit à Reporterre toucher à Carbone 4 un salaire d’environ 10 000 euros. S’y ajoutent les cachets de plusieurs milliers d’euros de chacune des conférences rémunérées qu’il donne dans des entreprises chaque année, et qui sont versés, nous indique-t-il, à sa structure Manicore, dont les comptes ne sont pas publiés. Jean-Marc Jancovici fait ainsi partie des 1 % des salariés les mieux payés de France. Au demeurant, son train de vie est sobre pour un homme aussi fortuné : une maison au sud de Paris, une voiture âgée de 7 ans, et un usage rare de l’avion.

Récapitulons : Jean-Marc Jancovici est un polytechnicien au franc-parler, fortuné mais prônant la décroissance, vulgarisateur adulé par beaucoup mais considéré par d’aucuns comme un gourou. La question essentielle est cependant celle-ci : a-t-il raison ? C’est ce que nous allons examiner dans le deuxième volet de cette enquête, Jean-Marc Jancovici : « Je ne suis pas un scientifique ».


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