Des dalles pleines de cellules photovoltaïques créent de l'électricité pour les bâtiments aux alentours.

Des dalles pleines de cellules photovoltaïques créent de l'électricité pour les bâtiments aux alentours.

Colas / Yves Soulabaille

Plus de 5 millions d'euros de subvention pour ces 2800 m² de dalles photovoltaïques. La première route solaire inaugurée en décembre 2016 par Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, dans le village normand de Tourouvre-au-Perche, est un fiasco, rapporte Le Monde.

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Inauguration de la première route solaire au monde à Tourouvre-au-Perche, en présence de Ségolène Royal, le 22 décembre 2016

Inauguration de la première route solaire au monde à Tourouvre-au-Perche, en présence de Ségolène Royal, le 22 décembre 2016

© / afp.com/CHARLY TRIBALLEAU

Le journal révèle que l'installation pilote, qui devait préfigurer le déploiement de cette technologie inédite sur 1 000 kilomètres de voies routières en France, n'est ni efficace énergétiquement ni rentable économiquement.

S'appuyant sur le dernier relevé de l'association de promotion du photovoltaïque BDPV, qui recense la production d'installations solaires en France, Le Monde indique que l'équipement a produit la première année un peu plus de 50 % des 790 kilowattheures (kWh) par jour attendus, soit un total de 149 459 kWh sur l'année. Il a ensuite généré 78 397 kWh en 2018. Et depuis janvier dernier, seulement 37 900 kWh.

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Gilles Morvan, le directeur général des services du conseil départemental de l'Orne, confie par ailleurs au quotidien : "Les recettes de vente de l'électricité produite par la route devaient nous rapporter 10 500 euros par an. En 2017, nous avons perçu 4 550 euros. En 2018, 3 100 euros, et pour le premier trimestre 2019, nous en sommes à 1 450 euros."

Usure prématurée des dalles et vitesse de circulation abaissée

Comment expliquer cet échec ? Le journal fait état d'une "usure prématurée des dalles due à la circulation et de leur encrassement en raison des feuilles d'arbres venues y pourrir". Les panneaux solaires se décollent de la chaussée et de nombreux éclats viennent émailler la résine protégeant les cellules photovoltaïques. En outre, la vitesse de circulation a été abaissée à 70 km/h car conduire sur ce type de revêtement est très sonore et dérange les riverains, souligne le compte rendu du Monde.

Marc Jedliczka, vice-président du Réseau pour la transition énergétique et directeur général de l'association Hespul, spécialisée dans le photovoltaïque, a ironisé auprès du journal : "Si l'on voulait que ça marche vraiment, il ne faudrait surtout pas que des voitures roulent dessus."

Etienne Gaudin, le patron de ­Wattway, filiale de Colas, a concédé que son système n'était "pas mature sur le trafic interurbain" et que la logique de production d'énergie n'était "pas pertinente". En confiant : "Le modèle de la route de Tourouvre n'est finalement pas celui que l'on va commercialiser".

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