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Pesticides SDHI : ils relancent la controverse

Publié le 25 Fév 2020 à 10H05 Modifié le 28 mai 2020
Pesticides SDHI : ils relancent la controverse
Après le glypho-sate et les néonicotinoïdes, la dernière controverse agricole concerne les « fongicides SDHI ». Ces pesticides sont aspergés sur les champs et les gazons afin d’éviter aux plantes certaines maladies liées à des champignons microscopiques. Ils sont utilisés depuis les années 1960 et leur consommation mondiale croît de l’ordre de 20 % par an. Mais, […]

Après le glypho-sate et les néonicotinoïdes, la dernière controverse agricole concerne les « fongicides SDHI ». Ces pesticides sont aspergés sur les champs et les gazons afin d’éviter aux plantes certaines maladies liées à des champignons microscopiques. Ils sont utilisés depuis les années 1960 et leur consommation mondiale croît de l’ordre de 20 % par an. Mais, en ce début d’année, 450 scientifiques appellent l’Agence de sécurité sanitaire française (Anses) à « appliquer le principe de précaution, figurant dans la Constitution » et à les interdire.

Des scientifiques s’inquiètent…

SDHI signifie « inhibiteurs de la succinate déshydrogénase ». Ces molécules tirent leur potentiel fongicide de l’inhibition de cette enzyme, qui est essentielle à la respiration cellulaire des champignons…

mais aussi de toutes les plantes et animaux. Et c’est là que le bât blesse : dès 1976, une équipe californienne démontrait la capacité d’un SDHI à altérer la respiration de cellules de bœuf, et d’autres expériences ont depuis suggéré les méfaits de certains SDHI sur des populations de vers de terre et d’insectes. À l’automne dernier, une équipe française a même suggéré la capacité d’action de plusieurs SDHI sur 22 espèces différentes et confirmé sa toxicité sur des cellules humaines.

… et contestent l’expertise sanitaire

Aucune agence sanitaire au monde n’a jugé ces signaux suffisamment inquiétants pour interdire ces produits. En janvier 2019, un groupe de quatre experts réunis par l’Anses a ainsi conclu que les données scientifiques, prises dans leur ensemble, ne suggéraient pas un risque sanitaire ou écologique.

« L ‘étude de l’Anses s’est focalisée sur le cancer, alors que les risques sont surtout d’ordre neurologique » , peste Pierre Rustin, spécialiste des maladies mitochondriales (CNRS). Le 23 janvier dernier, dans un débat à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, le directeur de l’Anses reconnaissait ne pas avoir assez de moyens pour effectuer des tests plus approfondis…

En bref

11 millions

C’est le nombre de fumeurs en moins dans le monde depuis 2018, d’après les projections de l’OMS. Cette tendance, enregistrée depuis vingt ans, s’expliquait jusqu’ici par la baisse du nombre de consommatrices de tabac. En 2020, pour la première fois, le tabagisme masculin devrait aussi diminuer (-1 million attendu).

43,3 %

Soit la proportion des déchets plastiques qui ont été brûlés en France en 2018 (PlasticsEurope). Seuls 24,2 % des plastiques ont été recyclés, contre une moyenne de 32,5 % en Europe, le reste ayant été mis en décharge. L’objectif gouvernemental de 100 % des plastiques recyclés en 2025 est bien loin…

18 225

C’est le nombre d’heures d’interruptions volontaires d’internet ou de médias sociaux (WhatsApp en tête) dans le monde en 2019 (Top10VPN). Ces interventions autoritaires, souvent en période de manifestations populaires ou d’élections, ont particulièrement touché l’Inde, le Tchad et la Birmanie.

169

Soit le nombre d’albatros équipés de balises dans l’océan Austral (CNRS). Le but ? Détecter les navires qui se livrent à de la pêche illégale – les oiseaux étant attirés par ces bateaux. Premiers résultats : un tiers des équipages rencontrés avaient désactivé leur système d’identification.

Un article issu du n°1230 de Science & Vie
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