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Traitement des eaux usées du Grand Paris : la justice enquête

Le parquet national financier ouvre une enquête préliminaire après la plainte d'un entrepreneur italien qui dénonce des faits de corruption.

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Le patron de l'entreprise italienne Passavant a porté plainte pour ententes illicites, corruption active et trafic d'influence pour le contrat de l'usine des eaux usées de Clichy-la-Garenne, un marché public passé par le Siaap.

Par Les Echos

Publié le 14 mars 2018 à 15:24

Le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire sur l'attribution des marchés du traitement des eaux usées du Grand Paris, après le dépôt de plainte d'un entrepreneur italien. Révélée par Le Monde, cette plainte vise des faits « d'ententes illicites, de corruption active, de trafic d'influence et toutes infractions en relation avec les marchés publics passés par le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap) ».

Marco Schiavio, de la société Passavant, dénonce des faits de corruption en marge d'un appel d'offres lancé en 2012 par le Siaap pour la refonte de l'usine de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) qui traite une part importante des eaux usées de l'agglomération parisienne.

« Nous demandons que des investigations soient menées pour savoir s'il y a eu entente entre le Siaap et différentes entreprises pour l'obtention de ce contrat », a déclaré à l'AFP Pierre-Alexandre Kopp, l'avocat de l'entrepreneur milanais qui dénonce d'éventuelles ententes « qui conduisent toujours à augmenter le prix de l'eau pour les consommateurs ».

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Présenter une offre bidon

D'après la plainte déposée, Patrick Barbalat, le directeur général adjoint d'OTV, une filiale de Veolia, aurait demandé en janvier 2014 à Marco Schiavio d'augmenter son offre de 100 millions d'euros en échange du versement d'un million d'euros. Objectif : rendre l'offre de Passavant moins attractive que celle d'OTV et remporter ainsi le marché, estimé à plus de 311 millions d'euros.

Finalement, le contrat de l'usine de Clichy a bel et bien été attribué à OTV et la société Stereau (groupe Saur). Le chantier est d'ailleurs en cours (photo ci-dessous).

Marco Schiavio a alors déposé un recours devant le tribunal administratif, débouté en première instance. Cet appel est toujours pendant.

Veolia a saisi son directeur de la conformité

Toujours selon Marco Schiavio, qui a fourni aux juges des enregistrements de ses conversations les dirigeants d'OTV, Patrick Barbalat et Didier Le Tallec (patron opérationnel) auraient ensuite fait pression sur lui pour qu'il retire son recours. Ils lui auraient notamment proposé « entre 20 et 25 millions d'euros », payables sous la forme de contrats de sous-traitance pour Passavant.

Sollicités, Patrick Barbalat et Didier Le Tallec ont assuré à l'AFP que les rencontres avec le patron italien « se sont faites à la demande de Passavant qui, à deux reprises, nous a fait chanter ». Et ils s'interrogent sur le sérieux d'une plainte déposée trois ans après les faits.

Quant à Veolia, le groupe a saisi son directeur de la conformité « en vue d'apporter tout l'éclairage nécessaire sur les propos et agissements […] prêtés aux cadres d'OTV ».

Plainte du Siaap contre Cash Investigation

Chargé de traiter l'eau qu'utilisent chaque jour 9 millions de Franciliens, le Siaap fait par ailleurs l'objet depuis avril 2013 d'une information judiciaire au pôle financier du TGI de Paris pour des soupçons de corruption sur des marchés publics signés à partir de 2011.

Le magazine d'investigation d'Elise Lucet, « Cash Investigation », a diffusé mardi soir une enquête intitulée « Les troubles abîmes du business de l'eau », dans laquelle elle s'intéresse notamment au rôle joué par le Siaap. A la suite du tournage d'une partie de l'émission dans ses locaux, l'organisme public a déposé plainte contre X pour « violation de domicile » (voir ci-dessous).

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Dans son édition de ce mercredi, « Le Canard enchaîné » fait état d'un courrier adressé par Veolia à la rédaction du magazine, où le groupe « s'étonne que Suez, son principal concurrent, passe entre les gouttes » en rappelant que la patronne de France Télé est administratrice de Suez depuis 2012. « C'est vrai, Delphine Ernotte est administratrice de Suez. Mais nous avons travaillé pendant un an sur cette enquête et à aucun moment Delphine Ernotte n'est intervenue », indique Elise Lucet dans une séquence de l'émission diffusée mardi après l'enquête.

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