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Nature et Ville: les fermes verticales, un défi devenu réalité

Il y a de nombreux domaines où les Suisses sont en avance : nous sommes déjà 74% à vivre en ville en Suisse, ce taux est de 50% sur la moyenne mondiale aujourd’hui, et va encore augmenter. « La Gestion des zones urbaines est devenue l’un des défis de développement les plus importants du 21e siècle », selon l’ONU. Comment respirer et garder le contact avec la nature quand on vit en ville ? Comment construire une ville « durable » qui respecte au mieux l’environnement, et réduit l’écart entre les aliments consommés et leur lieu de production? Les territoires évoluent, avec l’exode rural et l’hyperurbanisation du monde, on pense désormais les villes en relation AVEC la nature, et non plus contre elle.

Signe des temps, de nouvelles formations voient le jour en Suisse. Les HES, Hautes Ecoles Spécialisées, ont lancé il y a 4 ans, un programme « nature et ville » pour former les architectes de demain à la « construction végétale ». Ils apprennent à réaliser des toits végétalisés, des potagers intégrés aux villes, ou des fermes verticales… Ces dernières sont les plus complexes à réaliser car en milieu fermé, à l’intérieur de bâtiments. Il faut de l’audace pour réussir une ferme verticale en ville. Il n’y a quasiment pas de modèles à copier, il faut tout inventer.

Certaines réalisations relèvent de l’exploit technique, comme la ferme urbaine « Pasona » en plein centre-ville de Tokyo, que nous avons eu la chance de visiter en septembre. Avec 8550 employés et un chiffre d’affaires de 2,5 milliards de CHF en 2015, Pasona est une multinationale dans le domaine des ressources humaines.

Le siège social de Pasona qui abrite 1500 employés et 7 jardiniers, a été totalement rénové en 2010, et transformé en ferme urbaine verticale sur 9 étages. Pour des raisons de structures et d’ingénierie, seules des cultures sans terres (hydroculture) sont possibles dans les étages. Au rez de chaussée, une rizière spectaculaire occupe le hall d’entrée sur 90 m2. Les variétés de riz cultivées chez Pasona changent à chaque nouvelle récolte auxquelles les employés peuvent participer.

La culture en hydroponie et aéroponie économise jusqu’à 80% d’eau et n’a besoin d’aucun intrant chimique puisque le milieu est fermé, protégé. Ici, pas de saison, on peut récolter le riz et les autres cultures toute l’année (4 récoltes par an chez Pasona). Et le circuit entre l’assiette et le lieu de la récolte est ici particulièrement court. Preuve que l’on peut cultiver du riz en ville et sans produits chimiques.

Motonobu Sato est le directeur général de la Division Urban Farm chez Pasona : "Nous avons beaucoup appris depuis le début de nos 2 fermes. Notamment sur les différences entre espèces : on n’éclaire pas ou ne nourrit pas les salades comme le riz. Chaque espèce a son propre fonctionnement. Cette ferme actuelle succède à une autre expérimentation que nous avions faite entre 2005 et 2009 dans les sous-sol de nos anciens bureaux qui était auparavant une banque (des rizières dans la salle des coffres ? Amusant... NDR) ."

Riz, Myrtilles, basilic, kiwis... Au total 280 espèces sont cultivées dans la ferme de Pasona. 30 000 salades sont récoltées chaque année, ce qui représente des portions de salades pour 90 000 plateaux-repas par an à la cantine.

« Le cycle de pousse normal pour une salade est de 50 à 60 jours, commente encore Mr Sato. Dans notre ferme, elles arrivent à maturité en 45 jours en moyenne. Car tous les paramètres sont optimum pour leur croissance : la lumière, les nutriments… »

La prouesse technologique est indéniable et l'absence d'engrais un grand avantage, mais pourquoi Pasona a t-elle investi autant dans un projet apparemment loin de son métier (les RH) ?

Quel est le but de cette ferme végétale en plein cœur de Tokyo ? « Le point de départ de ce projet vient d’un problème de santé, répond Mr Sato, directeur de la ferme. Les Japonais sont « workaholic », le poids de la société est parfois très lourd, stressant et trop compétitif. Ce que nous voulons créer ici est un exemple de solution pour soulager le stress en entreprise. Montrer que c’est possible. Notre idée est aussi de connecter l’agriculture avec nos espaces de travail. Et sensibiliser par là-même l'opinion à l'exode rural qui est massif dans notre pays."

Les effets de la ferme sur la santé mentale des employés sont visibles : 80% des employés de Pasona déclarent se sentir mieux avec cet environnement végétal. Mais les coûts élevés pour la réalisation d’une ferme verticale freinent encore de tels projets : il faut compter 2200 euros par m2 en moyenne pour convertir un building conventionnel en ferme verticale.

Pour aller plus loin :

BRIGHT AGROTECH :

Pour créer sa propre Ferme Verticale et de façon rentable. 500 dollars la formation et le business model :

https://brightagrotech.com/feasibility-workshop/

UF : Urban Farmers : cette start-up implantée à Zurich et Bâle construit des fermes-containers. https://urbanfarmers.com/

Exodes Urbains : http://www.exodesurbains.com/

Ferme-Container en plein centre de Genève. Au rez-de chaussée du container, les déjections d’une centaine de poissons nourrissent les plantes situées au 1 er étage sous une serre.

Ici, l’aquaponie est combiné à l’aéroponie, en circuit fermé d’un système à l’autre avec une eau à 25 degrés parfaite pour les poissons et les plantes.

SINGAPOUR Vertical Farms :

Il y a déjà 38 petites fermes végétales à Singapour (fermes créées uniquement pour la culture potagère, ici pas de bureaux ni de cohabitation avec des employés)

Le leader s’appelle SkyGreens http://www.skygreens.com/ Il commercialise son système : 1 petite tour coûte 10 000 dollars. Avis aux amateurs !

Plus d'infos ici aussi : http://permaculturenews.org/2014/07/25/vertical-farming-singapores-solution-feed-local-urban-population/

Et bien sûr, d'autres infos en continu sur mon blog : Le Bon Jus !