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La seconde mort de l'alchimiste Paracelse

Sa célèbre formule, "c'est la dose qui fait le poison", est rendue caduque par les perturbateurs endocriniens, lesquels montrent des effets délétères sur la santé non pas à fortes doses mais à de très faibles concentrations.

Par  et Stéphane Foucart

Publié le 11 avril 2013 à 16h24, modifié le 11 avril 2013 à 16h32

Temps de Lecture 4 min.

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Tout est poison, rien n'est poison : c'est la dose qui fait le poison." Par cette phrase, Philippus Aureolus Theophrastus Bombastus von Hohenheim - mieux connu sous le nom de Paracelse - a fondé la toxicologie. Le médecin, astrologue et alchimiste suisse est mort en 1541, mais cette doxa issue de son intuition de médecin lui a largement survécu : elle est toujours utilisée, aujourd'hui, pour évaluer les risques liés aux substances chimiques de synthèse. Scientifiquement, elle est pourtant désormais caduque.

Que signifie-t-elle ? Sur son site Web, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) la traduit ainsi : "Plus la dose absorbée d'un produit chimique est élevée, plus l'effet est important, ainsi que la probabilité d'un effet indésirable." A petites doses, petits effets ; à fortes doses, effets importants. Le constat semble de bon sens mais, depuis plusieurs années, il est battu en brèche : dans certaines périodes du développement - en particulier la période périnatale ou l'adolescence -, l'exposition à de très faibles doses de certaines substances peut produire des effets plus importants qu'à des doses plus élevées... Les relations entre la dose et l'effet sont alors irrégulières : les chercheurs parlent de "courbes dose-réponse non monotones".

Les composés qui se jouent ainsi de notre intuition appartiennent à la catégorie des perturbateurs endocriniens - ces substances capables d'interférer avec le système hormonal, dont le bisphénol A (BPA) est le représentant le plus répandu. Pour nombre d'agences de sécurité sanitaire - comme l'EFSA, la Food and Drug Administration (FDA) américaine, etc. -, ces effets à faibles doses sont "controversés". Ils ne sont donc pas considérés dans l'évaluation des risques des molécules de synthèse.

Y a-t-il réellement controverse ? En 2012, une vaste revue de la littérature scientifique conduite par la biologiste Laura Vandenberg (Tufts University, à Boston) et publiée dans la revue Endocrine Reviews a pourtant identifié près de 800 études montrant de tels effets baroques. A l'heure actuelle, l'écrasante majorité des scientifiques qui ne croient pas à ces effets sont les experts d'agences de sécurité sanitaire.

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