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Impressionnante activité hier matin dans les bassins nazairiens, plus particulièrement au quai de la prise d’eau, l’un des sites adaptés par le Grand Port Maritime (GMP) de Nantes Saint-Nazaire pour soutenir le développement des activités industrielles liées aux énergies marines renouvelables (EMR). Arrivé pendant le week-end, le cargo Vestvind (ex-Vir Varenya) de United Wind Logistics a commencé à décharger les toutes premières pales des éoliennes qui constitueront le futur parc du banc de Guérande, implanté au large de Saint-Nazaire par EDF et Enbridge. Prévu pour entrer en service l’année prochaine, il comprendra 80 machines Haliade-150 de 6 MW chacune, dont les turbines et nacelles sont produites par l’usine General Electric de Montoir-de-Bretagne, dans l’estuaire de la Loire. Chacune disposera de trois énormes pales de 75 mètres de long fabriquées en fibre de verre et balsa, pour un poids unitaire de plus de 30 tonnes. Le Vestvind a convoyé les 18 premières pales qui, avec leur cadre de transport, représentent des colis individuels de 39 tonnes. Chacun est pris en charge l’un après l’autre par les deux nouvelles grues du terminal nazairien, qui travaillent en tandem pour déposer chaque pale sur de longues remorques, grâce auxquelles elles rejoignent le hub logistique situé un peu plus loin, côté est de la forme-écluse Joubert.

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Le Vestvind au quai de la prise d'eau hier matin (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Saint-Nazaire reçoit les premières pales de son parc éolien offshore > Diaporamas intégrés

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Débarquement de la première pale (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Saint-Nazaire reçoit les premières pales de son parc éolien offshore > Diaporamas intégrés

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Débarquement de la première pale (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Saint-Nazaire reçoit les premières pales de son parc éolien offshore > Diaporamas intégrés

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Débarquement de la première pale (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Débarquement de la première pale (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Saint-Nazaire reçoit les premières pales de son parc éolien offshore > Diaporamas intégrés

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Transfert de la pale vers le hub logistique (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Installation de la pale sur le hub logistique (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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© MER ET MARINE

Le hub logistique (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Le Vestvind a acheminé cette cargaison depuis le port espagnol de Castellon, où LM Wind Power, filiale de GE, compte une usine spécialisée dans la production de pales d’éoliennes. Si elles n’ont pas été fabriquées dans le nouveau site LM Wind Power de Cherbourg, c’est que celui-ci a été dès sa mise en service mobilisé pour produire les pales de la nouvelle Haliade-X, qui va succéder à l’Haliade-150 et dont la puissance atteint 12 MW (avec trois pales longues de 107 mètres).

 

 

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© MER ET MARINE

Nacelle d'une éolienne Haliade-150 (© MER ET MARINE)

 

39 nacelles arriveront sur le hub à partir de la semaine prochaine

La construction du parc de Saint-Nazaire, qui sera le premier champ éolien offshore français en service, entre dans le vif du sujet, avec l’installation récemment débutée des fondations qui supporteront les éoliennes, acheminées depuis La Rochelle. Mais jusqu’ici, bien que les bassins voient passer de nombreux navires de services liés à ce projet, l’impact de ce chantier titanesque n’était pas encore réellement visible dans le port. Ce qui est en train de changer, l’arrivée de ces premières pales constituant le début d’une longue série d’opérations industrielles de grande ampleur. « Rien que pour les pales, nous allons accueillir une vingtaine de navires, et les nacelles des éoliennes vont bientôt arriver », explique Ludovic Bocquier, responsable de la « Business unit » Energies Marines à Nantes Saint-Nazaire Port. Produites à quelques kilomètres de là, ces nacelles doivent arriver massivement à partir de la semaine prochaine. Comme les pales, elles seront stockées sur le hub logistique de 14 hectares spécialement aménagé par le port à côté de la forme Joubert. Avec deux circuits possibles depuis Montoir : soit par la route grâce à la nouvelle voirie à très fort gabarit, conçue pour le transport de colis lourds jusqu’aux bassins et chantiers nazairiens, soit par le fleuve. « En mars, une première nacelle test a été acheminée par la route afin de valider le cheminement depuis Montoir. Cette fois, ce sera par la Loire ». Un navire équipé d’une grosse bigue a été spécialement affrété par GE pour convoyer depuis l’usine GE jusqu’au hub logistique pas moins de 39 machines, en trois voyages ». Avec les pales associées qui vont continuer d’arriver d’Espagne à raison d’un ou deux navires par mois, le hub sera plein, ce qui explique d’ailleurs que les fondations des éoliennes aient été regroupées à La Rochelle et non ici. « Nous n’avions tout simplement pas la place de les accueillir car le hub a été conçu pour accueillir jusqu’à 40 éoliennes complètes, ce qui va être le cas », dit Ludovic Bocquier.

Les mâts arrivent aussi d’Espagne puis sont équipés de leur E-stack

Car en plus des nacelles et des pales, il faut également entreposer sur le hub logistique les mâts, constitués de trois tronçons de 6 mètres de diamètre qui, assemblés les uns sur les autres, constituent une tour d’une soixantaine de mètres de haut. Une pièce très technique puisqu’elle comprend un système de transformation électrique, des câbles et même un ascenseur. Cette tour sera fixée en mer sur la pièce de transition, située en haut de la fondation mono-pieu fichée dans le sol marin, pour faire la jonction entre cette pile et le mât. Les tronçons proviennent eux-aussi d’Espagne, où ils sont fabriqués par deux fournisseurs à Bilbao et Séville. Les premiers sont arrivés la semaine dernière à Saint-Nazaire. Mais une fois sur place, il faut encore les équiper, notamment avec un E-stack, module électrique par lequel sera transformé une première fois le courant produit par l’éolienne avant son envoi par câble sous-marin vers la sous-station électrique, qui transforme l’énergie aux standards du réseau électrique terrestre vers lequel elle est ensuite exportée via des câbles qui courent jusqu’à la côte. Ces modules sont produits à Saint-Nazaire par l’entreprise Clemessy Services, implantée près de la forme Joubert où a adapté son terre-plein à la production en série de modules E-stack. Leur installation dans le tronçon bas (le pied) des mâts se fait sur le quai de la prise d’eau, où un nouveau portique vert a été récemment érigé. « Il a été spécialement conçu pour positionner l’E-stack dans le mât, à la verticale, c’est une opération très délicate qui nécessite une précision centimétrique », précise Ludovic Bocquier. Une fois équipés, les tronçons seront transférés, à la verticale, vers le hub.

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

E-stack (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Saint-Nazaire reçoit les premières pales de son parc éolien offshore > Diaporamas intégrés

 

 

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A droite un pied de mât équipé de son E-stack  devant le portique d'installation (© MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)

 

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Portique d'installation d'E-stack (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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Le site Clemessy au bord de la forme Joubert (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Le Vole au Vent de Jan de Nul chargera les éléments depuis la forme Joubert

Celui-ci va donc dans un premier temps accueillir 40 nacelles, 120 pales et 120 pièces de mâts, soit la moitié des éléments allant constituer le parc. « Les navires d’installation étant très chers, puisque leur affrètement coûte plusieurs centaines de milliers de dollars par jour, le but de l’opération est de disposer d’un site de pré-assemblage pour préparer au maximum les éléments afin que l’installation en mer soit la plus rapide possible ». Cette phase d’installation se déroulera l’année prochaine avec un navire spécialisé de l'armement belge Jan de Nul, le Vole au Vent, qui devrait arriver en mars/avril. Long de 140 mètres, ce jack-up emploie en opération quatre jambes, qui viennent se poser sur le fond et soulever la coque, assurant sa stabilité pendant les manutentions réalisées par son énorme grue d’une capacité de levage de 1500 tonnes.

 

 

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© JAN DE NUL

Le Vole au Vent, ici sur un précédent chantier (© JAN DE NUL)

 

Pour le parc de Saint-Nazaire, le Vole au Vent viendra récupérer les éléments d’éoliennes en entrant dans la forme Joubert, dont le bord à quai côté hub logistique a été renforcé pour supporter de tels colis. A chaque passage, le navire embarquera quatre nacelles, quatre mâts et quatre jeux de pales. Avec les premières rotations, de l’espace va se libérer sur le hub, permettant progressivement d’y faire venir les 40 autres nacelles avec les 120 tronçons de mâts et 120 pales associés. Les nacelles d’Haliade-150 patienteront en attendant sur les zones de stockage de l’usine GE de Montoir, qui va achever leur production cet été. Leur transfert vers le hub doit quant à lui s’opérer par la route, puisqu’il n’y aura pas, contrairement aux 40 premières turbines, de massification possible des expéditions. Les convois seront nocturnes afin de perturber au minimum la circulation.

 

 

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© MER ET MARINE- VINCENT GROIZELEAU

Nacelles d'Haliade-150 à Montoir, ici des machines destinées à l'Allemagne en 2018 (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

La sous-station électrique en achèvement aux Chantiers de l’Atlantique

En dehors des pales et mâts, le quai de la prise d’eau va aussi, cet été, voir passer la sous-station électrique du futur parc, qui est construite aux Chantiers de l’Atlantique. Cet immense transformateur de 480 MW, mesurant 30x25 mètres de côté pour 20 mètres de haut, affichera un poids de plus de 2000 tonnes. Ce topisde sera transféré via le quai de la prise d’eau en vue de son installation en mer, qui va intervenir après la pose de sa fondation, un treillis métallique de type jacket haut d’une quarantaine de mètres et d’un poids de 1200 tonnes.

Un trafic « à très forte valeur ajoutée » pour le port

Alors que le port de Nantes Saint-Nazaire connait une période très difficile avec ses trafics traditionnels, la montée en puissance de cette activité constitue une vraie bouffée d’oxygène pour le GPM, mais aussi de nombreuses entreprises locales. « L’éolien offshore représente maintenant une centaine d’escales par an, sur un total de 2600, c’est donc peu en nombre mais ce sont des escales à très forte valeur ajoutée. Elles mobilisent beaucoup de personnes et engendrent d’importantes retombées sur l’économie locale ». Les manutentions nécessitent ainsi une abondante main d’œuvre, entre les dockers, les équipes des fournisseurs, les grutiers et autres conducteurs d’engins, ainsi que l’intervention de différentes sociétés locales, y compris sur le plan industriel comme Clemessy pour la production des E-stack, les Chantiers de l’Atlantique et leurs sous-traitants pour la sous-station ou encore les compagnies ligériennes CLT et LHD pour les services maritimes en lien avec le futur parc.

 

 

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© MER ET MARINE- VINCENT GROIZELEAU

Le terminal à colis lourds de Montoir (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

De lourds investissements pour adapter les infrastructures

Une activité qui n’a été rendue possible qu’avec les lourds investissements entrepris par le Grand Port Maritime pour adapter ses infrastructures aux EMR. « Nous avons aménagé le hub logistique et renforcé le quai de la prise d’eau, ainsi que le quai des colis lourds de Montoir où se trouve l’usine GE et le côté de la forme Joubert située vers le hub, avec une résistance de 15 tonnes par mètre carré, ce qui nous permet d’accueillir les plus grosses structures de l’éolien offshore ». Les nacelles des Haliade-150 pèsent ainsi 400 tonnes, celles des Haliade-X dans les 700 tonnes et comme on l’a vu les quais sont suffisamment robustes pour supporter des topside de plusieurs milliers de tonnes. Le port a également investi dans de nouveaux outillages, comme les deux grues neuves Liebherr LHM 600 et LHM 550 qui assurent le débarquement des pales acheminées par le Vestvind. Arrivées en décembre 2020, ces grues mobiles sur pneumatiques offrent des capacités de levage et portées respectives de 200 et 150 tonnes et de 56 et 54 mètres. 

Utiliser l’ancien quai de réparation navale pour l’éolien flottant ?

Alors que d’autres ports français développent des infrastructures dédiées aux EMR, comme Le Havre, Cherbourg, Brest ou encore La Rochelle,  la question est maintenant de savoir quel sera l’avenir après la construction du parc de Saint-Nazaire. « Nous croyons beaucoup dans le développement de la filière et nous travaillons pour qu’elle soit génératrice d’activité dans la durée. Après Saint-Nazaire, il y aura en effet d’autres parcs sur la façade atlantique et nous avons aujourd’hui des infrastructures uniques dans les ports français, sachant que nous pouvons aussi avoir des complémentarités avec nos voisins, La Rochelle étant un bon exemple puisqu’ils accueillent les fondations que nous n’avions pas la place de prendre. L’enjeu pour nous est de continuer à exister et, pour cela, nous nous intéressons non seulement à l’éolien posé, mais aussi à l’éolien flottant, qui nécessite des infrastructures différentes. Nous avons déjà une première expérience avec le démonstrateur Floatgen qui a été réalisé dans les bassins de Saint-Nazaire. Mais les fondations des futures machines commerciales seront beaucoup plus grosses, de l’ordre de 60 à 80 mètres de côté ». A ce titre, le port réfléchit notamment à adapter et remettre en service l’ancien quai de réparation navale situé directement sur l’estuaire de la Loire, près de la forme Joubert et le long du hub logistique. En attendant, les investissements consentis dans les nouvelles infrastructures doivent continuer de bénéficier durablement aux industriels locaux, à commencer par les Chantiers de l’Atlantique et GE, pour des sous-stations et Haliade-X destinées notamment à l’export.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

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